- EL GARBI Abdelhamid : Laboratoire Territoire, Environnement et Développement de la Faculté des sciences humaines et sociales de Kénitra
- abdelhamid.elgarbi@uit.ac.ma
- – Rboh M’hamed : Laboratoire Territoire, Environnement et Développement de la Faculté des sciences humaines et sociales – Ibn Tofail- Kénitra
- mhamed.rboh@uit.ac.ma
- – AL KARKOURI Jamal : Professeur en géographie – Faculté des sciences humaines et sociales – Kénitra
- jamal.alkarkouri@uit.ac.ma
- – BELFQIH Abdessadek : Professeur en géographie – Faculté des sciences humaines et sociales – Kénitra
- abdessadek.belfqih@uit.ac.ma
- – MIMOUNI Najate : Professeur en géographie – Faculté des sciences humaines et sociales
- najate.mimouni@uit.ac.ma
Résumé :
Cet article examine les enjeux majeurs de l’urbanisation au Maroc, notamment le manque criant de logements abordables, la congestion urbaine croissante et les défis liés à la gestion des déchets. Il analyse également les multiples impacts de l’urbanisation sur la société et l’environnement, notamment en termes de santé publique, d’accès à l’éducation, de création d’emplois, d’empreinte carbone et de préservation de la biodiversité. Des solutions concrètes sont proposées pour promouvoir une urbanisation durable et équitable dans le pays. Cela inclut la garantie de l’accès à des logements abordables, la promotion de la participation citoyenne, le soutien au développement économique local, la mise en place de modes de transport durables et la mise en œuvre de politiques de gestion des déchets efficaces. L’article souligne l’importance cruciale d’une planification et d’une gestion efficaces pour parvenir à une urbanisation équitable et durable au Maroc, en tenant compte des besoins et aspirations de la population tout en préservant l’environnement.
Mots clé : Urbanisation, Croissance démographique, Expansion des villes, Développement durable
Abstract :
This article examines the major challenges of urbanization in Morocco, including the acute shortage of affordable housing, escalating urban congestion, and the complexities of waste management. It also analyzes the multiple impacts of urbanization on society and the environment, encompassing aspects such as public health, access to education, job creation, carbon footprint, and biodiversity conservation. Concrete solutions are proposed to promote sustainable and equitable urbanization in the country. These include ensuring access to affordable housing, fostering citizen participation, supporting local economic development, implementing sustainable transportation modes, and enforcing effective waste management policies. The article emphasizes the critical importance of effective planning and management to achieve equitable and sustainable urbanization in Morocco, taking into account the needs and aspirations of the population while preserving the environment.
Keywords : Urbanization, Population growth, Urban expansion, Sustainable development
Plan
Introduction
- Évolution de l’urbanisation au Maroc
1.1 Croissance démographique et économique
1.2 Expansion des villes
1.3 Modèles d’urbanisation
1.4 Facteurs influençant l’urbanisation
- Problématiques clés de l’urbanisation au Maroc
2.1 Pénurie de logements abordables
2.2 Mobilité urbaine
2.3 Gestion des déchets
- Impacts de l’urbanisation au Maroc
3.1 Effets sur la société (santé, éducation, emploi, qualité de vie)
3.2 Effets sur l’environnement (empreinte carbone, biodiversité)
- Recommandations pour une urbanisation durable et équitable
4.1 Stratégies pour améliorer l’accès aux logements abordables
4.2 Renforcement de la participation citoyenne
4.3 Promotion du développement économique local
4.4 Utilisation de modes de transport durables
4.5 Amélioration de la gestion des déchets
Conclusion
Introduction :
L’urbanisation est un processus mondial qui touche tous les pays, mais qui se manifeste de manière particulière au Maroc. Depuis les années 1960, le Maroc a connu une urbanisation rapide, avec une croissance de la population urbaine qui a plus que triplé en un peu plus de 50 ans. Cette croissance est liée principalement au développement économique et à l’industrialisation, ainsi qu’à l’exode rural, mais elle a également été encouragée par les politiques publiques, qui ont favorisé le développement urbain.
Le Maroc est un pays à plusieurs vitesses, où la croissance urbaine a été concentrée dans quelques grandes villes, telles que Casablanca, Rabat, Marrakech, Fès, Tanger et Agadir. Cette concentration a créé des défis pour ces villes, notamment en matière de logement, de mobilité urbaine et de gestion des déchets, mais elle a également offert des opportunités pour le développement économique et l’amélioration de la qualité de vie.
L’urbanisation au Maroc est donc un sujet complexe, qui doit être analysé à la fois du point de vue des dynamiques démographiques, économiques et sociales, mais également des politiques publiques et des impacts environnementaux.
Cet article vise à explorer ces différents aspects de l’urbanisation au Maroc, en mettant l’accent sur les problématiques clés, les impacts et les recommandations pour une urbanisation durable et équitable.
- Évolution de l’urbanisation au Maroc
1.1 Croissance démographique et économique
Depuis les années 1960, le Maroc a connu une croissance rapide de sa population urbaine, passant de 28% en 1960 à environ 65% en 2020[1].
Tableau 1 : Évolution de la population urbaine au Maroc (1960-2020)
Année | Population urbaine (en millions) | Taux d’urbanisation |
1960 | 2,1 | 28% |
1980 | 8,2 | 45% |
2000 | 18,6 | 55% |
2020 | 25,7 | 65% |
Source : HCP
Cette croissance s’explique en grande partie par l’exode rural, qui a vu des millions de personnes quitter les zones rurales en quête de meilleures opportunités économiques et sociales dans les villes.[2]
Graphique 1: Taux d’urbanisation selon les régions du Maroc (2019)
Source : Haut-Commissariat au Plan
Cette croissance démographique urbaine est également liée au développement économique et à l’industrialisation du pays. Le Maroc a connu une croissance économique soutenue depuis les années 1990, avec une augmentation du PIB par habitant de 1 338 $ en 1990 à 3 130 $ en 2020[3]. L’industrie manufacturière, en particulier l’industrie textile et la production automobile, a été un moteur important de cette croissance économique.[4]
Cependant, cette croissance rapide de la population urbaine a également entraîné le développement de l’urbanisation informelle, caractérisée par la construction de logements informels dans des zones périurbaines ou des quartiers défavorisés de villes. L’urbanisation informelle est devenue une caractéristique importante des villes marocaines (les quartiers informels représentent environ 20% de la population urbaine totale au Maroc)[5], en particulier dans les grandes villes telles que Casablanca, Rabat, Tanger et Marrakech.
L’urbanisation informelle est souvent le résultat d’une demande croissante de logements abordables dans les villes, mais elle est également causée par des facteurs tels que le manque de réglementation et de contrôle urbain, la corruption et les pratiques informelles de construction[6]. Les quartiers informels manquent souvent d’infrastructures de base telles que des routes pavées, des réseaux d’égouts, des systèmes de collecte des déchets et d’autres services publics, ce qui crée des conditions de vie difficiles pour les résidents.[7]
Création de nouvelles villes Pour répondre aux défis de l’urbanisation rapide, le gouvernement marocain a créé de nouvelles villes à partir des années 2000, telles que Tamesna près de Rabat, Tamansourt près de Marrakech, ou encore Zenata près de Casablanca[8]. Ces villes nouvelles sont souvent planifiées et développées avec des infrastructures modernes, des logements abordables et une attention particulière à l’environnement.
Cependant, la création de nouvelles villes n’a pas résolu les problèmes liés à l’urbanisation informelle et aux quartiers défavorisés dans les villes existantes. De plus, les nouvelles villes peuvent souvent être éloignées des centres économiques et des emplois[9], ce qui crée des problèmes de mobilité et d’accessibilité pour les résidents.
somme, l’évolution de l’urbanisation au Maroc est caractérisée par une croissance rapide de la population urbaine, liée à l’industrialisation et à l’exode rural. Cette croissance a entraîné le développement de l’urbanisation informelle, qui est devenue une caractéristique importante des villes marocaines. Le gouvernement marocain a également créé de nouvelles villes pour répondre aux défis de l’urbanisation, mais cela n’a pas résolu tous les problèmes associés.
Carte 1 : Les grandes villes du Maroc en 2014selon les 12 régions
1.2 Expansion des villes :
L’expansion des villes au Maroc est un phénomène en constante évolution, qui est lié à la croissance démographique et économique du pays. Depuis les années 1960, les villes marocaines ont connu une croissance rapide, qui a été alimentée par l’exode rural et la concentration des activités économiques dans les centres urbains. Cette expansion urbaine a créé des défis pour les villes, notamment en matière de logement, de mobilité urbaine et de gestion des déchets, mais elle a également offert des opportunités pour le développement économique et l’amélioration de la qualité de vie.
Tableau 2 : Augmentation annuelle de la population urbaine au Maroc entre 2000 et 2020
Année | Taux d’augmentation (%) |
2000 | 2,20 |
2005 | 2,40 |
2010 | 2,60 |
2015 | 2,50 |
2020 | 2,50 |
Source : (FAO)
Selon une étude de l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO), la croissance urbaine au Maroc est l’une des plus rapides de la région, avec une augmentation annuelle de la population urbaine de 2,5% en moyenne entre 2000 et 2020[10]. Cette croissance a été concentrée dans quelques grandes villes, telles que Casablanca, Fès, Tanger, Marrakech, Salé…, qui ont vu leur population plus que doubler au cours des dernières décennies.
L’expansion des villes marocaines a été encouragée par les politiques publiques, qui ont favorisé le développement urbain. Le gouvernement a créé de nouvelles villes et a investi dans la modernisation des infrastructures urbaines, telles que les transports et les réseaux d’approvisionnement en eau et en énergie. Cependant, ces politiques ont également été critiquées pour leur manque d’efficacité et leur manque de prise en compte des besoins des populations les plus vulnérables.
Selon une étude de la Banque Africaine de Développement (BAD), l’urbanisation rapide au Maroc a créé des défis pour la gestion urbaine, en particulier dans les grandes villes où les services de base, tels que le logement, l’eau, l’énergie et les transports, ne sont pas suffisamment disponibles ou accessibles pour tous les habitants. La concentration de la population dans les centres urbains a également créé des inégalités spatiales et socio-économiques, avec des quartiers défavorisés qui manquent souvent d’accès aux services de base et aux opportunités économiques[11].
En outre, l’expansion des villes marocaines a eu un impact environnemental important, avec une augmentation de la pollution de l’air, de l’eau et des sols. Selon une étude de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), la croissance urbaine au Maroc a entraîné une augmentation de la consommation d’énergie, de l’utilisation de voitures individuelles et de la production de déchets[12]. Cela a eu un impact négatif sur la qualité de vie des habitants et sur la biodiversité.
L’expansion des villes marocaines est donc un phénomène complexe qui doit être abordé de manière équilibrée et durable pour répondre aux défis sociaux et environnementaux que cette croissance peut engendrer. Des politiques publiques efficaces, qui prennent en compte les besoins des populations les plus vulnérables et qui intègrent des stratégies de développement urbain durable, sont nécessaires pour assurer une croissance harmonieuse des villes marocaines. Il est également important d’impliquer les citoyens dans le processus de planification urbaine et de prendre en compte leurs préoccupations et leurs besoins.
1.3 Modèles d’urbanisation :
Au Maroc, les modèles d’urbanisation ont été influencés par différents facteurs, notamment les politiques publiques, les migrations internes et externes, l’industrialisation et la croissance économique. Selon Mohamed Kabbaj, « L’urbanisation est donc le produit de politiques publiques, de forces sociales et économiques, de l’histoire et de la culture »[13]. En conséquence, plusieurs modèles d’urbanisation peuvent être identifiés :
- Le modèle d’urbanisation coloniale : Ce modèle a été influencé par les politiques urbaines mises en place par les autorités coloniales françaises. Il se caractérise par une planification urbaine centralisée et une ségrégation spatiale importante entre les quartiers européens et les quartiers autochtones. Les villes de Casablanca, Rabat, Marrakech et Fès ont été construites selon ce modèle[14].
- Le modèle de la ville nouvelle : Ce modèle a été mis en place dans les années 1960 et 1970, en réponse à la croissance démographique rapide des villes marocaines. Il consistait à construire des villes nouvelles en périphérie des villes existantes pour résoudre les problèmes de logement et de surpopulation. Les villes nouvelles telles que Temara, Mohammedia, Benslimane et Tamansourt ont été construites selon ce modèle[15].
- Le modèle de l’urbanisation périphérique : Ce modèle est apparu dans les années 1980 et s’est accéléré dans les années 1990. Il consiste en une croissance rapide des banlieues et des périphéries des grandes villes, sans planification adéquate et sans équipements et services de base. Ce modèle a conduit à l’émergence de nombreuses villes-dortoirs autour des grandes villes marocaines[16].
- Le modèle d’urbanisation informelle : Ce modèle est caractérisé par une croissance spontanée et non planifiée des quartiers informels en marge des grandes villes marocaines. Ce modèle est souvent le résultat de l’urbanisation périphérique et de l’absence de logements sociaux adéquats. Les bidonvilles, tels que Sidi Moumen à Casablanca et Hay Mohammadi à Rabat, sont des exemples de ce modèle[17].
On peut conclure que l’urbanisation au Maroc est le résultat d’une combinaison de facteurs complexes, notamment les politiques publiques, les migrations, l’industrialisation et la croissance économique. Les différents modèles d’urbanisation qui se sont développés ont eu un impact sur la structure spatiale des villes marocaines et sur les conditions de vie de leurs habitants. Il est donc essentiel de mettre en place des politiques publiques efficaces pour répondre aux défis sociaux et environnementaux que pose l’urbanisation au Maroc.
1.4 Facteurs influençant l’urbanisation :
Les facteurs influençant l’urbanisation au Maroc sont multiples et complexes. Selon Mohamed Kabbaj, « L’urbanisation est le produit de politiques publiques, de forces sociales et économiques, de l’histoire et de la culture »[18]. Voici quelques-uns des facteurs les plus importants :
- Politiques publiques : Les politiques publiques ont un impact majeur sur l’urbanisation au Maroc. Les choix en matière de planification urbaine, de développement économique et social, d’investissement dans les infrastructures et de réglementation ont tous une incidence sur la croissance et la structure des villes. Les politiques de décentralisation et de déconcentration ont également un impact sur l’urbanisation et sur la manière dont les villes sont gérées[19]
- Migration : Les migrations internes et externes ont également un impact important sur l’urbanisation au Maroc. Les mouvements de population de la campagne vers la ville ont été l’un des principaux moteurs de la croissance urbaine. Les migrations internationales, en particulier de travailleurs marocains en Europe, ont également eu un impact sur la croissance des villes[20].
- Industrialisation et croissance économique : L’industrialisation et la croissance économique ont été des moteurs importants de l’urbanisation au Maroc. L’industrie et les services ont créé des emplois et attiré des travailleurs vers les villes, ce qui a entraîné une croissance rapide des villes et des périphéries urbaines[21].
- Culture et traditions : La culture et les traditions ont également un impact sur l’urbanisation au Maroc. Les normes sociales et les pratiques culturelles peuvent influencer la façon dont les villes sont construites et gérées. Par exemple, la structure familiale traditionnelle peut influencer le choix de l’emplacement et du type de logement[22].
-
Problématiques clés de l’urbanisation au Maroc :
2.1 Pénurie de logements abordables
La pénurie de logements abordables est un problème majeur dans les villes marocaines. Selon une étude de la Banque mondiale, environ 20% de la population urbaine du Maroc vit dans des bidonvilles ou des logements précaires. Les prix élevés des terrains, les coûts de construction et le manque de financement pour les ménages à faible revenu sont des obstacles majeurs pour accéder à des logements abordables[23].
2.2 Mobilité urbaine
La mobilité urbaine est un autre problème majeur dans les villes marocaines, avec une circulation congestionnée, des temps de trajet élevés et une insuffisance des transports en commun. Selon une étude de l’Institut national de statistique et d’économie appliquée, le temps moyen de déplacement pour les résidents urbains de Casablanca est de 79 minutes par jour, ce qui a un impact négatif sur leur qualité de vie et leur productivité[24]
2.3 Gestion des déchets
La gestion des déchets est un autre problème important dans les villes marocaines. Selon une étude de la Banque mondiale, le Maroc produit environ 5,5 millions de tonnes de déchets solides chaque année, dont seulement 70% sont collectés et environ 50% sont éliminés de manière appropriée. Les déchets non collectés et mal gérés sont une source de pollution de l’air, de l’eau et du sol, ainsi qu’un risque pour la santé publique[25].
En réponse à ces problématiques, il est essentiel de mettre en place des politiques et des stratégies pour améliorer la qualité de vie des citoyens et favoriser un développement urbain durable et équitable. Cela peut inclure la construction de logements abordables, l’amélioration des infrastructures de transport, la mise en place de systèmes efficaces de gestion des déchets.
-
Impacts de l’urbanisation au Maroc :
L’urbanisation rapide au Maroc a des impacts significatifs sur la société et l’environnement. Dans cette section, nous examinerons ces impacts en mettant l’accent sur les effets sur la société, tels que la santé, l’éducation, l’emploi et la qualité de vie, ainsi que sur les effets sur l’environnement, tels que l’empreinte carbone et la biodiversité.
3.1 Effets sur la société
L’urbanisation peut avoir des effets positifs sur la société, tels que la création d’emplois, l’amélioration de l’accès aux services et aux infrastructures, et la diversification de l’économie. Cependant, elle peut également avoir des effets négatifs, tels que la concentration de la pauvreté, la détérioration des conditions de vie, la congestion et la pollution. Par exemple, selon une étude de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), la pollution atmosphérique est responsable de 9 000 décès prématurés par an au Maroc, en grande partie due à l’augmentation du nombre de véhicules et à la mauvaise qualité des carburants (OMS, 2016).
De plus, l’urbanisation peut également avoir des effets sur l’éducation, en particulier sur l’accès à l’éducation pour les enfants des familles pauvres vivant dans les bidonvilles et les quartiers informels. Selon une étude de l’UNICEF, le taux de scolarisation dans les zones urbaines au Maroc est plus élevé que dans les zones rurales, mais la qualité de l’éducation reste inégale, avec des écarts importants entre les écoles publiques et privées (UNICEF, 2014).
3.2 Effets sur l’environnement
L’urbanisation a également des impacts négatifs sur l’environnement, tels que la dégradation des écosystèmes, la perte de biodiversité et l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre. L’urbanisation rapide au Maroc a entraîné une diminution significative des terres agricoles et des zones naturelles, avec une perte de 50 000 hectares de terres agricoles chaque année entre 2000 et 2010[26].
En outre, l’empreinte carbone de l’urbanisation au Maroc est également importante, avec une augmentation de la consommation d’énergie et une augmentation des émissions de gaz à effet de serre. Selon une étude de l’Université Mohammed V de Rabat, la consommation d’énergie dans les villes marocaines a augmenté de 67% entre 2002 et 2012, ce qui a conduit à une augmentation de la production de gaz à effet de serre et de la pollution de l’air (Université Mohammed V de Rabat, 2018).
-
Recommandations pour une urbanisation durable et équitable :
Afin de favoriser une urbanisation durable et équitable au Maroc, des recommandations peuvent être structurées autour de cinq grands axes :
4.1 Stratégies pour améliorer l’accès aux logements abordables:
L’une des principales préoccupations en matière d’urbanisation au Maroc est la pénurie de logements abordables pour les ménages à faible et moyen revenu. Pour améliorer l’accès aux logements abordables, il est important de promouvoir la construction de logements sociaux et de faciliter l’accès au financement pour les ménages. Le gouvernement peut également envisager de promouvoir les coopératives d’habitation pour encourager l’auto-construction.
4.2 Renforcement de la participation citoyenne:
La participation citoyenne est essentielle pour une urbanisation durable et équitable. Les communautés locales doivent être impliquées dans la planification et la mise en œuvre des projets d’urbanisation. Pour renforcer la participation citoyenne, le gouvernement peut encourager la mise en place de conseils de quartier et de forums de discussion pour permettre aux citoyens de s’exprimer et de participer aux décisions concernant leur environnement urbain.
4.3 Promotion du développement économique local:
L’urbanisation peut jouer un rôle clé dans la promotion du développement économique local. Pour y parvenir, il est important de favoriser la création d’emplois locaux en encourageant la création d’entreprises et en développant des zones industrielles et commerciales. Le gouvernement peut également promouvoir les investissements dans les infrastructures pour faciliter le transport de marchandises et favoriser les échanges commerciaux.
4.4 Utilisation de modes de transport durables:
La mobilité urbaine est un enjeu majeur pour une urbanisation durable et équitable. Pour réduire la dépendance à l’égard de la voiture individuelle et améliorer la qualité de l’air, le gouvernement peut promouvoir l’utilisation de modes de transport durables tels que les transports en commun, le vélo et la marche à pied. Il est également important de développer des infrastructures de transport efficaces et durables pour réduire les temps de trajet et améliorer la qualité de vie des citoyens.
4.5 Amélioration de la gestion des déchets:
La gestion des déchets est un autre enjeu clé de l’urbanisation au Maroc. Pour améliorer la gestion des déchets, il est important de développer des infrastructures de collecte et de traitement des déchets, ainsi que de sensibiliser les citoyens à l’importance du tri des déchets et de la réduction des déchets. Le gouvernement peut également encourager les initiatives de recyclage et de valorisation des déchets pour réduire l’impact environnemental des déchets urbains.
En mettant en œuvre ces recommandations, le Maroc peut favoriser une urbanisation durable et équitable pour améliorer la qualité de vie des citoyens tout en préservant l’environnement et en favorisant le développement économique local.
Conclusion :
En résumé, l’urbanisation au Maroc a connu une croissance rapide au cours des dernières décennies, avec une population urbaine qui représente aujourd’hui plus de 60% de la population totale. Cependant, cette urbanisation s’est accompagnée de défis importants, notamment en matière de logement, d’infrastructures, de mobilité et d’environnement.
Les principales conclusions sont que les autorités marocaines doivent accorder une attention particulière à la planification urbaine, à la gestion de l’espace, à l’amélioration des infrastructures et des services publics, ainsi qu’à la promotion d’un développement urbain durable. Les initiatives de développement urbain, comme le Plan National de l’Habitat et de la Politique de la Ville, doivent être renforcées et mises en œuvre de manière plus efficace.
En ce qui concerne les perspectives d’avenir pour l’urbanisation au Maroc, il est essentiel de promouvoir une croissance urbaine inclusive, en veillant à ce que les bénéfices du développement urbain soient partagés de manière équitable entre tous les citoyens. Il est également important de renforcer les partenariats public-privé et de stimuler l’investissement dans le développement urbain, en particulier dans les villes secondaires et les zones rurales avoisinantes.
En outre, les autorités doivent adopter des politiques plus ambitieuses en matière de développement durable, en mettant en place des normes plus strictes en matière d’efficacité énergétique et de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Cela peut inclure des initiatives pour promouvoir les énergies renouvelables et encourager l’utilisation de transports plus propres.
En fin de compte, l’urbanisation au Maroc est une opportunité importante pour le développement économique et social du pays, mais elle nécessite une planification et une gestion efficaces pour garantir que tous les citoyens en bénéficient de manière équitable, tout en protégeant l’environnement pour les générations futures.
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Bibliographie :
Agence Française de Développement. (2015). Maroc : Atlas de l’environnement. Consulté le 20 mars 2023, à partir de https://www.afd.fr/fr/ressources/maroc-atlas-de-lenvironnement.
Bennani-Chraïbi, M., Bellais, R., & Chalal, A. (2020). Les enjeux de la gouvernance urbaine au Maghreb : Des défis multiples à relever. Maghreb-Machrek, (245), 21-36.
Benouda, A. (2016). L’urbanisation au Maroc. Revue d’Économie Régionale & Urbaine, 3, 403-425.
Benzekri, M. (2009). Les villes nouvelles au Maroc : Les enjeux de l’aménagement du territoire. In E. A. Teixidor i Bigas & J. P. Gaudin (Eds.), Villes nouvelles et urbanisation en Méditerranée (pp. 75-88). Paris : Éditions Karthala.
Benzekri, M. (2009). Les villes nouvelles au Maroc : Les enjeux et les perspectives. In Annales de Géographie (No. 671, pp. 122-142). Armand Colin.
Boukhatem, Z. (2009). L’urbanisation au Maroc : émergence, caractéristiques et perspectives. Revue d’Economie Régionale & Urbaine, 3, 467-492.
Charmes, J. (2015). L’urbanisation de l’Afrique: défis et enjeux pour les politiques publiques. In M. Côte, R. Sandretto & M. Verhoeven (Eds.), L’Afrique des transitions. Regards pluriels sur les mutations contemporaines (pp. 231-243). Presses universitaires de Bordeaux.
El Hassani, A. (2015). Maroc, Urbanisation et développement durable. In Actes du colloque international. Rabat: Université Mohammed V-Agdal.
Kabbaj, M. (2006). La ville marocaine, du patrimoine à l’avenir. Rabat : Éditions Marsam.
Kabbaj, M. (2006). L’urbanisation au Maroc : enjeux et perspectives. Rabat: Fondation Mohamed V pour la Solidarité.
Khalfaoui, M. (2017). Dynamiques d’urbanisation et mutations spatiales dans le Maroc contemporain. Espace Populations Sociétés, 2017/3, 1-17.
Abréviations :
AFD : l’Agence Française de Développement
INSEA : l’Institut national de statistique et d’économie appliquée
CEA : Commission économique pour l’Afrique
FAO : l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture
BAD : la Banque Africaine de Développement
CEA : Commission économique pour l’Afrique
[1] Haut-Commissariat au Plan (2020). “Principaux indicateurs économiques et sociaux”.
[2] Charmes, J. (2015). L’urbanisation de l’Afrique: défis et enjeux pour les politiques publiques.
[3] Banque mondiale (2022). “Maroc”.
[4] Charmes, J. (2015). Op.cit.
[5] Agence française de développement (2019). “La ville marocaine: dynamiques et enjeux”.
[6] Bennani-Chraïbi et al.,
[7] Charmes, J. (2015). Ibidem.
[8] ONU-Habitat (2016). “Rapport sur les villes du monde 2016”.
[9] Agence française de développement (2019). Ibidem.
[10] FAO, 2020
[11] BAD, 2020
[12] CEA, 2021
[13] Kabbaj, 2006, L’urbanisation au Maroc : enjeux et perspectives. p. 1
[14] Benouda, 2016, L’urbanisation au Maroc
[15] Benzekri, 2009, Les villes nouvelles au Maroc : Les en jeux et les perspectives
[16] Benouda, 2016, Ibidem
[17] El Hassani, 2015, Maroc, Urbanisation et développement durable
[18] (Kabbaj, 2006, La ville marocaine, du patrimoine à l’avenir. p. 1
[19] Benouda, A. 2016. Op.cit.
[20] Benzekri, M. 2009. Les villes nouvelles au Maroc : Les enjeux de l’aménagement du territoire.
[21] Boukhatem, Z. (2009). L’urbanisation au Maroc : émergence, caractéristiques et perspectives
[22] Khalfaoui, M. (2017). Dynamiques d’urbanisation et mutations spatiales dans le Maroc contemporain.
[23] Banque mondiale, 2018.
[24] INSEA, 2020.
[25] Banque mondiale, 2019
[26] AFD, 2015 Agence Française de Développement.
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